Murmures De l'Est
Murmures De l'Est
L’Est m'a toujours attiré, tel « une planète lointaine » pour reprendre l’expression de Gil Rigoler. Un fantasme. Un appel, dont l'origine est toujours restée à la fois mystérieuse et vive en moi… D’ailleurs où commence l’Est et où finit-il ? Je n’en avais pas la moindre idée avant ni après ce périple. Il y a la langue slave qui structure un territoire, un espace mais aussi des faits, des comportements, des paysages.
Mon idée était simple. Je voulais faire vibrer en moi ce « désir de l’Est », l’activer in situ, le faire vivre sans autre velléité que de voir. Je voulais relater des lieux, une époque. Cette aventure, a été avant tout l’expression d’un désir et le souhait d’y voir plus clair. Il me fallait faire se rencontrer mon « fantasme de l’Est », et ces lieux inconnus, réels, ressentir cette accointance obscure, la faire résonner au plus profond de moi, afin qu’elle se dévoile un peu plus. Ce désir de l’Est est un désir de soi, un désir de conscience accrue.
Ce qui était clair pour moi est qu'il fallait que je sillonne l'Est, selon mon intuition, selon le hasard des évènements et des désirs appelés ici et là. Il fallait que les paysages, les personnes, les villes se déposent en moi afin qu'ils activent, qu’ils allument le feu de la conscience. Dès lors j’ai pris toute liberté dans l’approche de ce sujet. Je n’ai pas capturé des scènes, je les ai plutôt accueilli, en ayant en tête que là où nous allons, c’est toujours soit même que l’on rencontre. Ou que la réalité n’est pas comme elle est mais comme nous sommes selon (Talmud).
Le passage, la traverse ont été mes compagnes dans cet Est. Être en prise avec le monde extérieure pour mieux reprendre le sien. J’ai d’emblée refusé une vision documentaire ou de reportage, pour être totalement libre de voir mon « Est ». Dès lors ce roadtrip s’est fait sur le mode du chuchotement : bruissement du monde urbain et de la nature, tel un murmure. Un murmure de l’Est.